Lorsqu’on fait appel à un architecte d’intérieur, de prime abord on pense au travail des espaces, aux choix des matériaux et association de couleurs, aux meubles qu’ils soient sur-mesure ou non. En réalité, un projet d’architecture intérieure intègre une multitude de détails qui débouchent sur une multitude de questions avant de livrer un projet abouti. Ces questions se déroulent tout au long du processus de création mais également au cours de la mise en oeuvre du projet.
La phase des esquisses ou avant-projet sommaire
Au tout début du projet de conception, se pose les questions d’organisation de l’espace et des pièces les unes par rapport aux autres. On est dans la réflexion sur le comment vivre le lieu, les circulations qui vont se faire naturellement et les habitudes que l’on se voit mettre en place ou non en fonction de sa propre expérience au quotidien.
" Souhaitez-vous une cuisine ouverte ou fermée? Pouvoir y manger? Juste pour le petit-déjeuner ou tous les repas? Aimez-vous recevoir? Jusqu’à combien de personnes? Préférez-vous manger dans la cuisine ou dans une pièce dînatoire lorsque vous recevez? Plutôt une douche ou une baignoire? Une vasque ou deux vasques? Un wc séparé de la salle d’eau ou non? Quelle dimension de lit? Un dressing séparé, une penderie intégrée ou des rangements via des meubles à poser? Une tv à implanter ou non?…"
Un cahier des charges soigneusement défini dès les premiers échanges va permettre de proposer des esquisses d’implantation différentes en répondant au maximum de désirs exprimés tout en contournant les contraintes. Place ensuite à la dextérité et la créativité de l’architecte d’intérieur pour faire découvrir tout le potentiel des espaces. Car même si on ne rénove qu’une pièce telle qu’une salle d’eau, il y a rarement qu’une ou deux possibilités d’aménagement. Alors autant, faire le choix en ayant conscience de tout le potentiel qui s’offre à nous. Une fois l’implantation des pièces définie en plan, les fondations sont posées.
La phase de conception en volume ou avant-projet définitif
Dans la 2e phase de la conception on passe à la visualisation en 3d. Les volumes se montent et on découvre les nouveaux espaces avec l’encombrement des éléments qui l’occupent. C’est le moment de valider les proportions et l’esthétisme pour créer une harmonie d’ensemble. Mais voici aussi venu le temps d’appréhender ces éléments qui structurent les espaces et le plus souvent dédiés aux rangements. Ces rangements, qui ont pour but d’organiser et/ou de réduire le désordre, vont être l’objet d’une analyse en détail à leur tour. Si dans la première phase de conception, on anticipait l’emplacement des besoins notamment en fonction et rangement pour que tout soit implanté, dans cette seconde phase on se pose la question des détails fonctionnels pour offrir une bonne ergonomie au quotidien.
" Souhaitez-vous des étagères ouvertes pour poser des objets, des livres… ou uniquement des rangements fermés ou encore un mixte en fonction de la pièce? Préférez-vous privilégier les tiroirs de rangement ou les portes avec des organisateurs télescopiques intérieurs dans votre cuisine ? Souhaitez-vous dissimuler la tv ou la rendre visible? Avez-vous besoin surtout de suspendre ou d’étagères pour du plier ou encore des tiroirs dans votre dressing ou placard d’entrée et de chambre?… "
Si le client préfère l’esthétisme des portes en visuel mais la fonctionnalité des tiroirs, alors rien n’empêche de faire des tiroirs à l’anglaise pour peu que l’inconvénient d’ouvrir une première porte avant d’ouvrir le tiroir situé à l’arrière ne dissuade par la practicité au quotidien. De même une hotte intégrée à la plaque de cuisson n’aura pas le même impact visuel qu’une hotte en hauteur lorsque la plaque de cuisson est située en îlot central… Vous l’aurez compris, les réponses apportées par l’expérience de l’utilisateur et les compromis ont une conséquence esthétique et ergonomique. L’architecte d’intérieur est là pour expliquer ces incidences et les avantages et inconvénients en fonction de chaque choix afin d’être le garant de la cohérence.
La phase de conception générale
La phase 3 de la conception, permet de synthétiser tous les choix ergonomiques découlant des questions et réponses soulevées au fur et à mesure des échanges et d’affiner l’esthétisme. Mais pour parfaire ce dernier, vient la question des matières, des matériaux qui vont souligner le dessin et les détails de conception. Une fois encore si l’architecte d’intérieur a une vision globale de là où il souhaite guider le client, il n’en reste pas moins que c’est un compromis à trouver entre goût du client, harmonie globale, pérennité et prix.
" Préférez-vous à l’usage et à l’entretien, un évier en inox, en pierre, en composit…? Au toucher préférez-vous une vasque et/ou un receveur de douche en porcelaine, en solid surface ou à carreler ? De la mosaïque ou des carreaux grand format? Des façades de placard de cuisine à peindre, en laque, en stratifié ou en placage? Un robinet mitigeur ou mélangeur pour la vasque? En mural ou sur plan? Des pièces aux tons assurément colorées ou neutres? Une prise de courant commandée dans la bibliothèque pour y poser une lampe? Des liseuses murales en tête de lit?…."
Un plan de travail en bois, versus en granit ou en corian? Des façades de placard en stratifié ou en placage? Autant de variantes pour un entretien, un prix, un résultat esthétique qui diffère totalement. Chacun étant sensible de manière différente au touché, au contact de la matière, au rendu visuel, il est primordial d’évoquer, de montrer et de choisir en toute conscience en ayant à l’esprit les avantages et inconvénients. Il en est de même du plan électrique qui détermine l’emplacement des prises à l’usage mais également la future ambiance lumineuse. Si l’on ne se pose pas la question de comment éclairer la table de repas, l’îlot central de cuisine, le couloir ou encore les chevets, on ne peut anticiper les sorties de fils électriques qui permettront la pose de suspensions, d’appliques qui participeront à l’harmonie.
Chiffrage
Plus le jeu des questions-réponses a été déployé lors des phases de conception ci-dessus, plus les éléments communiqués aux entreprises (plans, perspectives, coupes, descriptifs) sont précis et détaillés pour leur permettre de chiffrer le projet. Ce qui favorise la réception d’offres claires et explicites. Au stade de l’étude de ces offres, on arbitre sur les derniers choix liés au coût à travers les options qui ont pu être demandées pour faire la différence financièrement sur une enveloppe globale. Ces choix peuvent être liés aux lots techniques mais également esthétiques tel que la différence de coût entre une laque et une mise en peinture sur place de meubles sur mesure, un plan de cuisine en granit ou en Dekton, une pose de parquet massif pose à l’anglaise ou en point de Hongrie… Tous ces choix occasionnant son lot de questions subsidiaires.
Suivi de chantier
On peut alors penser que le plus gros des décisions sont prises une fois passé ce déroulement de phases et pourtant détrompez vous si vous croyez qu’il ne subsiste plus de détails à affiner. Car une fois le chantier lancé, même en ayant anticiper le maximum de ce qui est visible et les emplacements des éléments techniques, reste à intégrer de manière esthétique et discrète tout ce que l’on souhaite invisible sans pour autant les rendre inaccessibles : tels que la climatisation, les moteurs de vmc, les vannes d’arrêt d’eau, le tableau électrique…
" Souhaitez-vous la vanne d’arrêt principale ou encore du lave-vaisselle sous l’évier ou déporté dans un meuble? La prise du sèche-cheveux dans un placard ou un tiroir pour le laisser branché ou encore en prise murale directement accessible? A quelle hauteur souhaitez-vous l’assise du wc ou encore le plan de travail de cuisine si vous êtes grand? Préfèrez-vous la commande du robinet de cuisine à droite ou à gauche si c’est un bouton déporté selon si vous êtes gaucher ou droitier?…"
Et je ne parle pas des ajustements de chantier continuels qui font partis du métier et donc de la capacité de l’architecte d’intérieur à contourner les problèmes pour trouver des solutions qui soient à la fois pratiques et esthétiques.
Vous l’aurez compris, les détails en architecture intérieure sont à la fois une question esthétique, fonctionnelle, de pérennité et de prix. Cette combinaison est essentielle à comprendre et à maîtriser pour offrir et garantir à son client un espace agréable, pratique à vivre et qui lui ressemble. Être architecte d’intérieur c’est à la fois écouter et guider, traverser les turbulences des compromis et des doutes sans imposer mais tout en étant le garant de l’harmonie globale pour finir sur un intérieur à leur image.