Pour un architecte d’intérieur, un projet sans une partie suivi de chantier est rare. Il peut dans ce cas s’agir davantage d’une prestation de conseil, d’achat de mobilier ou autre. Et oui, la plupart du temps, dans mon travail d’architecte d’intérieur, la partie suivi de chantier est importante. Et qui dit chantier dit interventions d’une entreprise générale ou de plusieurs corps d’état séparés, et c’est souvent les mêmes problèmes qui reviennent : le dialogue et le temps. Je crois qu’une des qualités nécessaires au suivi de chantier est aussi la patience… Oui c’est certain, la patience est absolument de mise. A moins d’être prêt à avoir un mur aussi violet que le soleil comme sur l’image ci-dessus.
Dans mon métier et dans la relation que j’entretiens avec mes clients, il est des scénarios qui se répètent. Pas toujours bien sûr (et heureusement !), parfois tout est fluide de bout en bout. Mais ceci dit, généralement, tant que l’on est dans la prise de contact, les échanges entre les clients et l’architecte d’intérieur, la conception du projet, les choix esthétiques et fonctionnels, tout va pour le mieux. Les choses commencent à aller un petit peu moins bien lorsque les devis des différentes entreprises arrivent, notamment lors de l’appel d’offre, s’il y a lieu. Les discussions commencent et avec elles, parfois, les négociations (encore une fois, pas toujours). A cette étape, on élimine certaines prestations pour faire baisser la note, puis on préfère une entreprise deux fois moins chère qu’une autre pour compenser certains désirs esthétiques ou certains matériaux auxquels on tient. Et là, ça peut être le drame…
Si l’on est vraiment honnêtes, aujourd’hui, pour avoir des prix défiant toute concurrence, les entreprises et les ouvriers étrangers sont souvent les plus forts. Lorsqu’on a la chance de trouver des entreprises qui travaillent bien, qui ne sont pas chères et qui sont sérieuses – et bien sûr lorsque tout est en ordre d’un point de vue administratif – cela s’appelle une perle rare à garder précieusement.
De façon plus générale, étrangère ou non, si c’est une entreprise dite « générale » justement, il faut savoir qu’elle ne peut être compétente dans tous les domaines à moins de sous-traiter. Par conséquent, certains lots spécifiques (menuiserie, marbrerie…) seront effectués par des corps de métiers spécialisés garantissant les prestations, « normalement ». Et je mets bien ce normalement entre guillemets. Cela signifie par contre, qu’au final vous démultipliez les intervenants sur votre projet.
L’architecte d’intérieur et le suivi de chantier
Certains clients préfèrent suivre leur chantier eux-mêmes, économisant ainsi la prestation de suivi de chantier. Je ne peux que vous le déconseiller – sauf sur une intervention simple à mettre en oeuvre – si vous ne voulez pas vous retrouver avec un mur violet… A moins bien évidemment d’avoir du temps à consacrer à ce suivi de chantier, et à suivre le travail des ouvriers de très près. Vous pensez que j’exagère… Oui certes un peu, mais à peine, croyez-moi. Même le plus sérieux des entrepreneurs n’est pas à l’abri d’une interprétation erronée du plan et des croquis fournis.
Dans le cas d’un menuisier par exemple, il fournira parfois des plans repris dans leur bureau d’étude ou d’agencement pour permettre de lancer la fabrication (vous vous doutez bien que pour débiter un meuble, les cotes précises des panneaux sont déterminées une à une en fonction de la mise en œuvre choisie en amont…). A ce stade, mon rôle consiste à contrôler l’exactitude de sa ré-interprétation entre mes plans et ses plans d’exécution. Selon la taille du projet et le menuisier choisi, cette phase se fera directement sur place ou en atelier à travers des gabarits. Cela permet de réduire voire d’annuler les potentielles surprises lors de la pose.
Mais vous imaginez bien que l’on ne peut pas faire la même chose avec le poseur de staff ou de faux-plafond en placo. Par conséquent, il faut soit être totalement en confiance avec l’entreprise qui connaît nos moindres habitudes de détails et de mise en œuvre… soit il faut être souvent sur le chantier pour être sûr que les emplacements de spots respectent bien le plan de plafond fourni, que le carrelage est posé en fonction du plan de calepinage de sol (dessin précis du carrelage selon une pose voulue). Et oui, car sinon, les entreprises vont prendre des initiatives parfois étranges… du moins pas celles que vous auriez prises !
Le suivi de chantier : contrôler et répéter !
Bref, sur un chantier, les maîtres mots sont contrôler et répéter, et vraiment c’est à cela que sert un architecte d’intérieur au moment du suivi de chantier. Dire, redire, montrer et fournir des plans, des éléments précis ne laissant pas la place à une éventuelle mauvaise interprétation. Sinon c’est vite le drame. Il faut penser à tout dire, même ce qui semble être la pire des évidences car ça ne l’est pas forcément pour l’entrepreneur. Et bien sûr, si on fait appel à une entreprise étrangère, il faut s’assurer que l’on parle bien le même “langage professionnel“ !
Aujourd’hui, travailler avec des entrepreneurs aux devis moins onéreux pour le client signifie passer beaucoup de temps sur le chantier (d’une manière générale). Par conséquent, j’aurais presque tendance à dire que les honoraires sur la phase suivi de chantier devraient être doublés si la prestation n’est pas chère ! Ce qui amènerait à rendre quasi nul le bénéfice de prendre une entreprise étrangère qui sous-traite et ne suit pas forcément ses sous-traitants….
Les travaux : ça a un prix !
Tout le monde souhaite le meilleur à un prix défiant toute concurrence. Mais cela a un prix ! Pour avoir une idée du coup d’une prestation, il y a une règle de calcul assez simple. Prenez le devis de l’entrepreneur, divisez-en presque par deux le montant hors taxes afin de soustraire les charges de son entreprise, puis déduisez le prix de la marchandise (si vous ne connaissez pas les prix, allez vous promener dans une grande surface de bricolage), ainsi que le coût du stationnement en ville et calculez ainsi de façon approximative son taux horaire.
Et oui, c’est cher de faire faire des travaux, et il n’y a guère de solution, à moins d’être bricoleur et d’avoir déjà l’outillage sous la main. Et oui, certains gonflent leurs prix exagérément, mais globalement, pour ma part, les entrepreneurs avec lesquels je travaille sont raisonnables et/ou un peu plus chers parfois, mais avec une prestation toujours très qualitative, selon ce que vous souhaitez.
Et puis, je partage avec vous une dernière petite réflexion pour la route. Avant de négocier, je me demande toujours : est-ce le juste prix ? Est-ce que j’accepterais que l’on négocie mon salaire à la fin du mois ? Sur ce, n’hésitez pas à me suivre sur les réseaux sociaux pour voir les belles réalisations des entreprises avec lesquelles j’aime travailler : Facebook, Instagram, LinkedIn et Pinterest.